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Être bien dans son Yoga

Une élève m’a contacté récemment, exprimant sa frustration car elle ne parvient pas à faire Adho Mukha Svanasana, le chien tête en bas, appelé encore la pyramide. Et que les chats affectionnent particulièrement aussi. Elle voulait savoir si elle pouvait vraiment faire du Yoga si elle ne pouvait pas faire ce qu’elle perçoit comme une pose essentielle et basique.

En lisant son message, je me suis souvenue de toutes les fois où je me suis sentie découragée, frustrée, voire “nulle” parce que je ne parvenais pas à faire telle ou telle posture, alors que d’autres y paraissaient tout à fait à l’aise.

Une discussion avec mon mentor* de l’époque m’est alors revenue. J’arrive ce jour là à mon rendez-vous de mentoring frustrée, découragée, l’humeur maussade, triste. Mon examen pour le professorat de Yoga est dans quelques mois. Je ne me sens pas à la hauteur. “Qu’est-ce qui ne va pas?” me dit-il. “Je ne parviens pas à faire telle et telle postures. Comment vais-je pouvoir enseigner?”. Il me répond: “sais-tu que tu peux obtenir les mêmes bénéfices dans d’autres postures? Plus simples et moins challenging pour le corps?”.

La lumière au bout du tunnel étroit et obscurci de mon mental égotique m’apparut alors.

S’en sont suivies deux périodes, celle de l’acceptation de mes limitations physiques (voire mentales) et celle où j’ai cessé de me comparer aux autres. Surtout à celles qui, avec un corps de danseuse mettent la jambe derrière la tête.

Presque tous les pratiquants de Yoga passent par là, plus ou moins. Nous ne pouvons nous empêcher de nous comparer aux autres, plus flexibles ou moins flexibles. Nous n’osons pas entonner le Om parce que “ma voix est moche”, “je chante faux”. Je ne me sens pas très bien accueilli au cours. Je ne me sens pas à ma place. Je ne fais pas bien ci ou ça… et la liste peut continuer ainsi.

Avez-vous déjà ressenti cela? C’est un sentiment qui décourage beaucoup de gens – et les empêche même de pratiquer le yoga.

L’idée que l’on se fait du Yoga est souvent celle de la couverture des magazines ou des nombreuses photos de Yoga circulant sur internet. Une femme jeune, plutôt fine, est photographiée dans une posture difficile. Elle y paraît tout à fait à l’aise, un grand sourire sur les lèvres. La réalité: soit la nature l’a doté d’un corps particulièrement flexible, ou, elle est ou était, gymnaste et/ou danseuse. Autant dire une très fine minorité de la population. Une exception à la règle. La réalité du reste de la population est la suivante: les structures physiques imposent des limitations. Nous n’avons pas les mêmes os. Certains ont des têtes de fémur enfoncées profondément dans l’articulation des hanches et d’autres non, ce qui entraîne forcément des différences dans la position du corps dans les postures. D’autres ont des soucis de santé. D’autres ont des rondeurs. D’autres ont eu des blessures diverses dans leur corps. Etc etc etc… Rien de tout cela n’empêche de faire du yoga. On adapte, on modifie, c’est tout.

Pour revenir à notre Svanasana/chien tête en bas. S’il n’est pas faisable sous sa forme traditionnelle, la question est de savoir comment obtenir ses avantages d’une manière qui fonctionne pour vous (car c’est ce qui compte vraiment!). C’est cela le Yoga. On l’adapte au corps et non le contraire. Svanasana peut se faire avec une chaise, contre un mur, on peut garder les genoux sur le sol et s’étirer dans la posture du chiot. Si le problème se pose au niveau d’une ou des deux épaules, on va trouver une posture qui va étirer les ishios jambiers (arrière des jambes), la colonne vertébrale et les muscles du dos (voir ci-dessous). Et le tour est joué!

A très bientôt sur le tapis!

Om Shanti,

 

* Michael de Manincor, Directeur du Yoga Institute à Sydney, ancien Président de Yoga Australia, fondateur de la Yoga Foundation.

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